FRANÇAIS :
PERSONNAGES
En règle générale, je m’attache surtout à trouver des comédiens qui incarnent parfaitement les rôles en faisant « vrai » à l’image, plutôt qu’à chercher des physiques prédéfinis. Ici aussi, je pense qu’il faut privilégier les caractères, et des comédiens beaux mais pas mannequins qui ont du charme et de la personnalité.
LE PÈRE. Jusqu’à présent, il était encore le pater familias qu’on respectait comme une icône, un Dieu au regard de ses enfants, mais à trop leur transmettre le sens de l’humour et de la famille, il s’est fait dépasser par eux. Il faut dire que sa légende, il se l’est construite tout seul et il est bien le seul à en être conscient. Il n’a jamais vraiment bien joué de la guitare ou aux jeux vidéo. Il a juste laborieusement appris les accords simplissimes de Stand by me et Come as you are, mais a transmis sa passion à sa fille, qui elle, a travaillé et a un don naturel. Certes, il jouait à Mario Kart avec ses copains, mais il bouge toujours tout son corps, manette comprise, quand il doit tourner à droite ou à gauche. Il n’est plus tout à fait à la page, mais ça reste un père cool, qui se parfois un peu comme un grand gamin.
LA MÈRE. En temps normal, elle est plutôt dans le camp du père, surtout quand les enfants dépassent les limites. Mais là, c’est vraiment trop tentant de rire. Le père est complètement tombé du piédestal qu’il s’était lui-même imaginé, et il est authentiquement vexé… et sa fille espiègle comme il faut qui en rajoute une couche. Alors on peut bien en rire, après tout, ce n’est qu’un jeu vidéo. C’est le week-end, elle un peu fatiguée par sa semaine de boulot, mais aujourd’hui, avec la famille, ce n’est que du bonheur. Elle porte bien sa quarantaine, en jeune maman urbaine active, qui n’en revient toujours pas d’avoir deux enfants de 8 et 12 ans. Elle est très drôle, c’est ce qui les a réuni avec le père, et ils ont transmis le goût de l’humour et de l’autodérision à leurs enfants.
LA FILLE. Elle a 12 ans et un caractère en pleine affirmation. C’est une jeune ado, entre deux âges, mi petite-femme, mi enfant, qui commence à s’intéresser aux garçons et à se la péter au collège, mais reste une enfant qui fait des grimaces à la maison (et qui crie fort). Elle commence à s’intéresser au style, aussi, avec plus ou moins de réussite, mais beaucoup de créativité et de curiosité, et fait clairement partie d’une tribu. Elle ne fait ni partie des losers, ni des cools de sa classe (même si elle vient de se mettre au skate). Parce qu’elle est fondamentalement sociable et communique avec tout le monde. Elle a pris des cours de danse, mais la danse de la joie qu’elle exécute devant son père est un mash-up de toutes les danses qu’elle connait, entre gangnam style, crump et dab.
LE FILS. C’est un enfant très créatif. On va même dire un peu trop créatif parfois, du point de vue de ses parents. Il a 8 ans, en plein âge de raison, il n’a d’yeux que pour sa sœur dont il est fan absolu. Il fait n’importe quoi, comme tous les garçons de 8 ans, il y a même pas 5 minutes, il se battait contre des zombies imaginaires dans le jardin, et il a gardé autour du coup sa cape improvisée faite d’un vieux bout de drap. Il est le premier à sauter sur la canapé quand sa sœur commence à crier victoire.
LA VACHE QUI RIT
C’est évidemment notre emblème, notre star, mais aussi l’incarnation symbolique de ce moment de fondant, à la fois réconfortant, joyeux, gourmand et cool. Ses attitudes reflètent tous les attributs de ce moment. Cette vache-là est complice, classe et cool. Elle joue du piano en toute décontraction, comme si l’instrument était le prolongement de son état d’esprit.
Je souhaite qu’elle puisse être la plus incarnée possible dans ses expressions, mouvements et attitudes, pour qu’elle puisse elle aussi être l’incarnation de ce moment fondant. Quand elle joue du piano, elle a ce je ne sais quoi cool et groovy de musiciens comme Billy Preston ou Herbie Hancock, ces génies qui ont rendu le piano cool. Inspirée par la musique, elle joue pour son public, en toute décontraction.
L’intégration de la Vache qui Rit est gérée en étroite collaboration avec McGuff, en amont du tournage, jusque sur le plateau où nous aurons besoin de post-producteurs pour ne rien laisser au hasard pour la phase de finalisation.
DÉCOR
LE SALON
La famille habite une maison confortable, qui pourrait être dans n’importe quelle ville moyenne européenne. Leur salon est pourvu de grandes fenêtres qui donnent sur un jardin arboré ensoleillé. Le soleil printanier plonge leur intérieur dans une lumière chaude et douce.
Ce salon, c’est le lieu de rencontre de toute la famille ; un lieu de vie, chaleureux, qui donne l’impression que tout est possible. Si on doit pousser tous les meubles pour faire une chorégraphie familiale improvisée, allons-y. Il y a du passage, les copains sont bienvenus, les bibelots et meubles changent d’emplacement au gré des envies et des humeurs. La vie. L’intérieur est chaleureux, moderne, les murs teintés d’une couleur légère tendance (tons bleu-gris), et un canapé confortable qui fait écho à cette teinte. À gauche du canapé, une large ouverture donne sur une salle à manger. A droite, une bibliothèque, avec une chaine hi-fi, qui nous réserve quelques surprises.
Le décor est construit en studio, pour nous offrir un contrôle total de tous les éléments : proportions du décor, lumière extérieure continue, et notre pan de mur / bibliothèque escamotable (voir page suivante).
LA SCÈNE (L’APPARITION DE LA VACHE QUI RIT)
L’apparition de la Vache qui Rit est autant inattendue que spectaculaire. Elle coïncide exactement au moment de fondant où le père croque dans la tartine, et à la musique qui illustre ce moment. Et pour cause : un pan du mur de la bibliothèque tombe à la renverse sur le sol, créant une scène sur estrade dans le salon, où la Vache qui Rit joue un morceau de piano. Ce moment doit âtre détonnant pour le spectateur, mais pas pour les personnages, qui ne font aucun cas de cette irruption.
L’arrivée de la Vache qui Rit est impressionnante, car inattendue et rapide. Contre toute attente, les bibelots de l’étagère ne tombent pas au sol, ils sont solidaires du meuble… qui lui-même est une scène de concert. La dimension mécanique du dispositif (faite en réel, en studio) donne une dimension supplémentaire à la cascade, un côté vif que nous n’obtiendrons pas en trucage numérique intégral. Ceci étant dit, les trucages numériques nous serviront à gommer quelques détails pour rendre l’effet encore plus saisissant.
La scène de concert est agrémentée d’un retour lumineux sur sa face avant. Le trou laissé dans le mur laisse apparaitre un fond de scène en creux, type club de soul-jazz moderne, avec des rideaux noirs en fond. Comme si on révélait par la même occasion une pièce cachée dans la maison. Des projecteurs éclairent le fond de scène et une boule à facettes pend dans l’arrière-salle, donnant de la profondeur pour mettre encore plus en valeur le personnage de la Vache qui Rit.
La Vache qui Rit est déjà en train de jouer quand le mur commence à tomber (la musique coïncide parfaitement avec le moment où le père croque dans sa tartine). Au contact avec le sol, la vache accuse un petit à-coup tonique qui met l’emphase sur une note de sa partition.
Pour aller plus loin, je me demande si la Vache qui Rit ne pourrait pas avoir un micro de concert devant son piano (elle ne chante pas dedans, mais il fait partie du décorum). Elle pourrait aussi jouer d’un piano un peu plus décontracté qu’un piano droit classique, type Fender Rhodes ou Farfisa de concert, parlons-en.
SON
MUSIQUE
Le morceau qui accompagne le Pur Moment de Fondant de dégustation de Vache qui Rit a pour vocation d’incarner ce fondant, d’être immédiatement identifiable et assimilable à la marque, et de rester en tête.
Nous songeons ici à une composition originale, où le piano, instrument joué par la Vache qui Rit dans nos films, est l’instrument lead. Dans l’optique d’une saga, il convient que cette ritournelle puisse être réorchestrée au besoin, avec un autre instrument de tête.
J’aime beaucoup votre référence, The Asteroids Galaxy Tour – The Golden Age, qui incarne à merveille ce moment : joyeuse, pop et jazzy à la fois, sa rengaine nous emmène immédiatement dans un univers léger, cool et groovy. C’est définitivement la piste à emprunter dans notre composition. Il nous faut un rythme entrainant, entêtant, à la fois chic et populaire, un univers où le jazz rencontre la soul, et le groove rencontre la pop. Il faut faire se rencontrer le cool des années 1950, 1970, 1990 et 2018, faire se croiser Thelonious Monk, Marvin Gaye, Jamiroquai et Pharell Williams ! Une autre référence qui va dans ce sens pourrait être le Freedom de Pharell Williams.
SOUND DESIGN
Le sound design est un élément déterminant de nos films sans paroles. Il donne le rythme à notre comédie en ponctuant les différentes étapes de l’histoire : la partie de jeux vidéo, la ponctuation finale de victoire-défaite du jeu vidéo, le son gourmand du couteau qui étale la Vache qui Rit sur la tartine de pain, le son du mur pivotant qui atterrit sur le sol… et, essayons-le, le son d’une note un peu brutale dans la partition au moment où la Vache qui Rit accuse un à-coup à l’atterrissage.
D’autre part, nos films ont beau être dépourvus de dialogues, je pense qu’il est important d’humaniser nos personnages en enregistrant leurs sons en « in », qu’il s’agisse des borborygmes du père jouant aux jeux vidéo ou boudant, de la voix de la petite fille célébrant sa victoire, ou encore des mmmmm du père et du fils savourant leurs tartines de Vache qui Rit.
CONCLUSION
Ces films font la part belle à la famille moderne, la vie, la joie d’un moment partagé. Je les veux joyeux et incarnés, qu’ils soient un souffle souriant pour le spectateur. Des vrais films de 2018, qui installent durablement la Vache qui Rit comme une pop star de son époque.
Merci d’avoir pris le temps de lire cette note. Je reste à votre disposition pour répondre à vos questions. Julien
ENGLISH:
CHARACTERS
As a general rule, I tend to find actors who are the perfect embodiment of the character and who look genuine, « real » in the eye of the camera, instead of trying to find predefined physiques. Same goes here, I think we need temperaments over faces, with good-looking-but-not-model-like actors who have charm and personality.
THE DAD. Until now, he was the patriarcal figure respected like an icon, revered by his children, but in his efforts to pass on to them his sense of humour and of family, he got overtaken and no longer has the lead. One thing to remember is that he built his own legend but no one else is aware of it. He never was really good at playing guitar or video games. He just struggled to learn the chords to Stand By Me and Come As You Are and then shared his passion with his daughter who, unlike him, was a natural and went on to work hard. Granted, he used to play Mario Kart with his friends, but he was always wriggling about and moving his remote left or right whenever he had to make a turn. He’s not really up-to-date anymore, but he’s still a cool dad who sometimes behaves like a grown kid.
THE MOTHER. She is usually siding with the father, especially when the children overstep the mark. But in this situation, she cannot help but laugh. The father tumbled down from the pedestal he thought he was standing on and he is really upset about it… on top of that, his cheeky daughter is rubbing it in. So it’s only normal that they laugh about it, it’s only a video game after all. It’s the weekend, she is a bit tired from her week at work, but this moment shared with her family is pure bliss. This 40 year old urban active mum looks good for her age and still cannot believe how lucky she is to have her 8 and 12 year olds. She is very funny, a trait she shares with the father, and they both passed on this sense of humour and self-derision to their children.
THE DAUGTHER. She is 12, plainly asserting herself and her character. As a young teenager, she is between two ages, half young lady, half child; she’s starting to fancy boys and to show off at school but she still likes to pull out faces and yell at home. She is also experimenting with fashion, not always successfully, but with creativity and curiosity. She is definitely part of a crew but doesn’t fit with the nerds nor the cool kids (even though she just started skateboarding), she is just fundamentally sociable and likes to chat with everybody. She’s been taking dancing lessons, but the choreography she’s performing in front of her dad is a mashup of all the types of dance, from « Gangnam style » to crumping and dabbing (https://imgur.com/gallery/nXUtXuh https://imgur.com/gallery/bWt9v).
THE SON. He is a very creative child; his parents might say a bit too creative at times. He is 8, the age of reason and he only has eyes for his sister whom he adores. It doesn’t stop him from being a bit weird and random, just like any other 8 year old boy is. Less than 5 minutes ago, he was fighting imaginary zombies in the garden, and he is still wearing a makeshift cape, made with an old piece of sheet, around his neck. He is now sitting cross-legged on the sofa with bare feet and he is the first one to jump on the couch when her sister cries victory.
LA VACHE QUI RIT
THE LAUGHING COW. It is obviously our symbol, our star, but also the embodiment of this smooth, comforting, joyful, yummy and cool moment. Each one of these adjectives is reflected in her behaviour. This is a mischievous, classy and cool cow. She plays the piano ever so casually, as if the instrument was the extension of her state of mind.
I want her expressions, movements and overall attittude to be as realistic as possible, so that she can really embodies this creamy moment. When she plays the piano, she oozes this cool and groovy je ne sais quoi which is reminiscent of geniuses like Billy Preston or Herbie Hancock, who managed to make piano sound cool. Inspired by the music, she plays for her audience, in a very relaxed way.
The integration of the Laughing Cow will be managed in close collaboration with McGuff from the start, i.e. before the filming, but also during, as we will need post production experts on the set to oversee every little detail up until the final stages.
SCENERY
LIVING ROOM
The family lives in a cosy house, which could be located in any medium-sized European city. Their living room has tall windows which look upon a sunny garden with trees. The spring sun lights the interior in a warm, gentle way.
This living room is where the family meets up; it’s a welcoming place, full of life, where everything seems possible. If the furniture has to be moved around to allow for the family to dance together, so be it. There’s always people passing by, friends popping in, and the furniture and ornaments move around the room according to whims and needs. Life, in one word. The interior is warm and modern, the walls are a light, trendy blue-greyish tone, matching the comfortable sofa. On the left side of the couch is a large opening which leads to the dining room, while on the right side, there is a bookcase with a stereo on it, which has some surprises in store for us.
The scenery will be built in a studio, in order to give us complete control over the different elements: the proportions, the continuous exterior light and the retractable wall/bookcase (see next page).
THE SCENE (ARRIVAL OF THE LAUGHING COW)
The arrival of the Laughing Cow is as unexpected as it is spectacular. It matches exactly the « creamy » moment, when the father bites into the toast and the music starts. Here is why: a section of the wall falls to the ground as a small piece of furniture at its base disappear, to create a raised stage on which the Laughing Cow is playing a song on the piano. This moment has to come as a surprise for the audience but not for the characters, who do not seem to mind the appearance.
The arrival of the Laughing Cow is impressive because it is unexpected and quick. Against all odds, the ornaments don’t fall off the book shelves, they are connected to the whole thing, which turns into a concert stage. As the stunt will be performed mechanically and on site, it will benefit from a realistic, swift effect that cannot be achieved digitally. That being said, CGI will help us correct a few details to render the scene even more striking.
The stage will be lit from the front. The hole created by the collapsed wall will show the background of a stage with black curtains, reminiscent of a modern soul-jazz bar, as if the whole thing was a secret room in the house. The back of the stage will be illuminated by spotlights and a disco ball will hang from its ceiling, giving the whole scene even more depth in order to push the Laughing Cow to the forefront.
The Laughing Cow is already playing when the wall collapses (the music starts when the father bites into the toast) and when it falls down to the ground, the Laughing Cow is slightly shaken and emphasizes the jolt with a note.
If we want to go further, we could even place a microphone in front of the Laughing Cow, not for her to sing into, but just to contribute to the atmosphere. It could also play on a different, more casual type of piano, maybe a Fender Rhodes organ or a Farfisa. We can talk about this.
PACKSHOT
The ending of the film climaxes with the tasting of the Laughing Cow on the piece of toast. The moment of self-indulgence starts when the daughter grabs the Laughing Cow pack. The crisp, delectable slice of bread is doing justice to the creaminess of the cheese. The knife spreads the cheese onto the bread in one go, with control and fluidity. The sound design will help us reinforce the appetizing effect of the whole scene. A culinary stylist will help us make this moment look as creamy as possible.
The tasting scene does justice to the piece of toast prepared by the daughter. The father closes his eyes as he takes the first bite, forgetting all about his frustration, feeling new again. He is relishing every second of it. In the same time, the son has also made himself a piece of toast and lives his own creamy moment, experiencing as much pleasure as his father but in a different way, with the eyes open and a smile on his face.
SOUND
MUSIC
The song playing along the Pure Moment of Creaminess and the savouring of the Laughing Cow has to emphasize this feeling and needs to be instantly recognizable and relatable to the brand, on top of being catchy.
What we have in mind is an original creation, in which the piano, played by the Laughing Cow, is the lead instrument. If it becomes a saga, this tune could be rearranged and played with another instrument if necessary,
I really like your reference, The Asteroids Galaxy Tour – The Golden Age, which perfectly embodies this moment: its joyful, pop and jazzy overtones brings us into a light, cool and groovy place. This is definitely where we need our composition to go. We need something upbeat, catchy, stylish yet relatable, at the crossroads of jazz, soul, groove and pop. We need to mingle the coolest sounds of the 50s, 70s, 90s and 2018, as if Thelonious Monk met Marving Gaye, Jamiroquai and Pharell Williams (another reference could be his song Freedom).
SOUND DESIGN
Sound design is a vital element in our silent films. The sound effects appear at specific moments to give rhythm and accentuate the comical effect: the video game, the final sound of victory (and defeat) at the end of the game, the appetizing sound of the knife spreading the Laughing Cow on the bread, the sound of the wall pivoting back and down on to the floor… and, why not, a slightly out of tune, sharp note when the Laughing Cow lands in a bumpy way.
On the other hand, having no dialogue does not mean our characters are not human, but quite the opposite, which is why we should record their « internal » sounds, whether they’re the father’s grunts as he plays the video games or sulks, the voice of the daughter celebrating her victory or the « yum » sounds of the father and the son enjoying their Laughing Cow.
CONCLUSION
These films give prominence to modern families, life and the simple joy of sharing a moment together. I want them to be joyful, funny and personified, a breath of fresh air which will leave the audience with a smile on their face. I want to make genuine, contemporary films that will stimulate the audience’s intelligence and will establish the Laughing Cow as a modern day pop star.
Thank you for taking the time to read these notes. I remain at your disposal should have any question. Julien.
